Gérald RAVANEL

Gérald RAVANEL

CCC 2009: chronique d'une débacle

Ca fait environ une semaine que nous avons pris le départ de la course de l'année, j'ai nommé la Courmayeur -Champex - Chamonix (CCC pour les intimes!). J'ai maintenant, je pense, le recul nécessaire pour analyser mon abandon.

PREAMBULE

Retour le 26 juillet 2009 au Trail de l'Aigle. Je termine la course sur les rotules avec un talon vraiment très douloureux. Je n'écoute pas mon corps qui me demande un peu de repos et je continu tant bien que mal mon entrainement.  Comme je n'arrive plus à poser le talon je fais beaucoup de vélo et comme je suis fatigué je fais une bonne chute.
Je vais voir mon ostéo qui me conseil du repos car "t'as vraiment une sale tronche en ce moment!"... Que dalle, et avec mon bras en écharpe je continu le vélo. Ma famille se fait un peu de soucis en me voyant avec un bras en écharpe et en boitant.
Je prend quand même deux jours de repos et mon épaule à l'air de se remettre. Pour mon talon je n'ai plus mal sur le plat mais même en marchant dans les descentes c'est horrible.
Ayant quand même un caractère bien trempé je ne me laisse pas aller et je recommence à faire du fractionné en cotes puis des bonnes grosses séances sur le plat. Et ce qui devait arriver arriva. Je tombe malade, fièvre et tout le tralala.
Je ne m'écoute pas et après 2 jours de repos je me tape une semaine gargantuesque. Si on m'avais dit ce que j'allais avaler comme entrainement cette année je n'y aurais jamais cru.
La semaine sera à 8500d+ et autant d- pour 12 heures.
Le lundi suivant je n'avance plus et j'ai une grosse contracture derrière la cuisse. Dans deux semaines c'est le départ. J'essaye bien de faire un peu de vélo mais je suis à bout et physiquement et mentalement. J'essaye de me rattraper à n'importe quoi mais je n'arrive pas à me concentrer sur la course. Peut-être que je me suis mis trop de pression?
Finalement ça revient et même très bien puisque je bat mon record sur mon tracé fétiche de 1 minute (1h04 pour 870d+ et 870d-).
La dernière semaine je prend enfin une semaine light avec juste une vingtaine de bornes en vélo mais c'est déjà trop tard...

LA COURSE

Superbe organisation pour le retrait du dossard. Je n'ai pas du tout attendu! Petit crochet par chez mes parents à Argentière pour se mettre d'accord pour le lendemain au niveau logistique et un petit apéro pour les 50 bougies de ma maman.
Retour au Fayet pour un bon sommeil. Le lendemain je me lève et miracle je n'ai aucune douleur. D'habitude ça grince le matin mais là bonheur! Peut-être le bon jour? Avec la petite famille on passe l'horrible tunnel du mont blanc (un peu clostro j'ai vraiment du mal avec!) puis on arrive à Courmayeur.
La température est idéale pour courir. Je ma place tôt sur la ligne pour avoir une bonne place. Je suis en deuxième ligne juste derrière Ludovic Pommeret, Aurélien Brun, Guillaume Le Normand.
L'attente est insupportable. Les hymnes, la musique. C'est trop long d'attendre comme un pion pendant 45 minutes.
Je me choppe déjà des crampes aux quadris! Le plus inquiétant dans tout ça c'est que je ne suis pas excité comme une puce, je n'arrive pas à me mettre dedans. Je papote un peu avec Olivier Savoy qui à fini 1er du trail de l'Aigle. Il me dit qu'il compte mettre 16 heures. Je lui dit qu'il doit faire 14h30 au moins bien.
Bref enfin les fauves sont lâchés. Il y a moins de monde dans les rues que les années passées. Lorblanchet et Rey se sauvent devant. Moi je suis avec Le Normand et Pommeret dans un deuxième groupe. On se met bien en jambe pas trop vite. Olivier passe à côté de moi et m'annonce que mon dossard est en train de tomber. Et merde il s'est déchiré. Je m'arrête pour le remettre mais là j'ai déjà perdu beaucoup de places.
Je remonte pas mal de monde et je retrouve Olivier qui s'est arrêté pour une pause pipi.
Je ne connaissait pas cette première partie du parcours mais le bitume moi c'est pas mon truc! Je mets le cerveau sur off.
Je croise aussi Patrice Pajean avec qui on a fini ensemble le Nivolet Revard. Il me dit qu'il a beaucoup souffert du genou et qu'il ne sait pas trop jusqu'où il ira. Bon courage!
Enfin nous touchons le sentier. Nous montons bien mais je trouve que je me traine beaucoup. Je n'arrive pas à monter alors que c'est mon gros point fort d'habitude. Les jambes ne sont pas au rendez-vous.
Je me dit que ça peut revenir. La première petite bosse est rapidement digérée et nous descendons un peu pour rejoindre Bertone où je pointe en 25ème position. Un arrêt éclair au ravito et je repart pour la Tête de la Tronche.
Je commence à avoir mal au ventre. Pas un problème de digestion mais j'ai le diaphragme complètement bloqué. Je n'arrive pas à respirer et ça me contracte les abdos: c'est le début du calvaire.
Je monte tant bien que mal (plutôt mal que bien!) mais j'arrive quand même en haut de cette bosse. Pour moi c'est de loin le plus beau passage de la CCC. Sauvage à souhait et vraiment magnifique.
Au début de la descente j'ai les cuisses vraiment dures. Je n'arrive pas à amortir. Le diaphragme me fait souffrir... bref je peste contre moi même.
Je me tord fortement deux fois de suite la cheville droite mais je n'ai plus d'inquiétude là dessus car elles sont désormais en caoutchouc!
Sur le plat je fais un bout de chemin avec PAYEN Baptiste qui à fini 13ème de la CCC l'année dernière et 8ème il y a 2 ans: du lourd quoi. Nous arrivons à Bonati ensemble et nous repartons aussi sec. Il court tout le temps alors que moi je suis déjà obligé de fractionné marche et course. En tout les cas c'est aussi efficace car c'est ensemble que nous arrivons à la descente sur Arnuva.
Je fait cette descente doucement en essayant de bien décontracter mon diaphragme qui me fait un mal de chien.
J'arrive à Arnuva en 27 place. Je suis déjà bien entamé et ce n'est pas le Grand Col Ferret qui va me refaire une santé. Au ravito Baptiste part quand j'arrive. Je mange un peu et bois de l'eau gazeuse et coca histoire de voir si ça peut me faire du bien.
Je croise un gars avec qui j'étais bénévole l'année dernière sur l'UTMB (désolé mais je me souvient plus du nom!). Il m'encourage mais c'est le moral dans les chaussettes que je file en Suisse.
Dès le pied de la pente je suis scotché au sol. Je n'arrive pas à respirer correctement. Pourtant je ne me fait pas rattrapé dans la première bosse jusqu'au refuge. Dans les rampes au dessus je vois Olivier qui doit être à environ 5 minutes de moi. Je continu mon chemin de croix. J'ai vraiment envie d'abandonner mais ma famille est juste derrière cette bosse avec ma chérie.
En me retournant je vois un groupe de 3 qui revient et un avion de chasse derrière qui monte à une allure vertigineuse. Combien de temps vais-je les contenir? L'avion de chasse passe le groupe de 3 et reviens sur moi, il me dépose aussi sec. Pour la petite histoire ce monsieur Norvégien terminera 8 ème de la promenade!
Le groupe reviens sur moi dans les dernières rampes et je passe le col juste un peu décroché d'eux en 31 ème position.
Le début de la descente est gérée à un rythme vraiment tranquille. Puis une étincelle. Je décide de me faire violence. J'enclenche enfin la seconde et me lance dans la descente. Je rattrape ceux qui mont posé en montée. Par contre je me choppe une grosse contracture à la cuisse gauche... ça faisait depuis la première descente que je sentais une gêne par là mais la descente rapide m'a bien réveillé la douleur!
J'arrive au ravito de la Fouly avec un Italien super sympa. Ma famille est là. Solène (ma chérie) voit bien que ça tourne pas rond. J'avais pas prévu de trop m'arrêter au ravito mais je décide de prendre mon temps... au cas où!
Je me décide enfin à repartir sur le radada descendant sur le bas de Champex. J'essaye de courir mais qu'est-ce que j'ai mal à ma cuisse! Je n'arrive toujours pas à ventiler c'est une vraie galère!
En arrivant à Praz de Fort (ancien ravito) je décide de jeter l'éponge. C'est la deuxième fois que ça m'arrive sur la CCC mais je ne prend plus aucun plaisir et la course sans plaisir ne vaut pas la peine. Je ne suis pas masochiste!
Pour finir je prend quand même la décision de monter jusqu'à Champex. La montée se fera en rythme rando cool. Je n'arrête pas de me faire remonter. Michel Barralon et Patrick Baladié me doublent en prenant des nouvelles. Ça fait du bien de voir des têtes connues qui disent un petit mot... D'ailleurs tout ceux qui m'ont doublé m'ont tous demandé si ça allait: sans doute l'esprit trail...
Je fais la fin de la montée sur une jambe (la droite) et ma contracture de la semaine précédente se réveille.
Ma décision cette fois est bien prise... On me découpe un bout du dossard et c'est fini. Tout ça pour ça!

CONCLUSION

Je ne suis pas vraiment déçu ... c'est pas comme si tout allait bien et que je me faisait une entorse (comme en 2007!).
Je pense que je me suis vraiment mis une pression de dingue et que je n'ai pas gérer correctement mes entrainements et mes temps de repos.
Maintenant je vais couper 15 jours pour retrouver la gniak mentale et physique.

Bravo à tous les finishers et tous les bénévoles qui sont vraiment adorables.
Merci aux Poletti qui ont créer cet évènement... il est loin le premier départ de Chamonix à 4h00 du matin sous la pluie en 2003!

    
 
 
 
 

 


Les personnages de cette histoire:
 - Olivier Savoy
 - Patrice Pajean
 - Baptiste Payen
 - Michel Barralon
 - Patrick Baladié
 et moi.



03/09/2009
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